Une petite note oui, pour indiquer que je me rends bien compte que ma vision doit certainement être partisane, influencée par toute mon éducation française. Peut-être bien que je n’échappe pas à un réflexe de complexe de supériorité en évaluant ou en jugeant mal les gens ou les situations. Cependant mon manque de connaissance de l’histoire même de la Côte d’Ivoire me mène inéluctablement à vouloir rester humble.
Par exemple : en observant l’organisation de Lakota, les idées qui me venaient à l’esprit me laissaient à penser que je pouvais aider, que je pouvais être utile car soudainement je me sentais très cartésienne, très pragmatique (tellement plus qu’eux pensais-je avec prétention, je possédais une rationalité dont je n’avais pas conscience en France, sans eux).
Et puis j’ai lu cet article fort intéressant qui racontait comment les bonnes volontés sont radicalement brisées par le système politique en vigueur ou par les politiques régionales. Ainsi, vu de l’extérieur, on peut ignorer que les ivoiriens préfèrent se lancer dans le commerce informel plutôt qu’organisé et officiel car les démarches pour agir selon les régles sont trop compliquées, tordues.
Cet article m’a rappelé ce que l’on m’avait raconté à une veillée dans une des rues de Dogohiri: les cadres de Lakota ne réussissent jamais à s’entendre pour organiser et faire évoluer la ville, ils préfèrent tous se mettre des bâtons dans les roues. C’est ainsi que quand de l’argent fut enfin mis sur la table pour refaire des routes dans la ville, la mésentente entre les différents cadres de la ville laissa les bulldozers en sommeil à l’entrée de Lakota et rien ne fut fait!
La croyance locale basée sur quelques faits réels mène la population à croire que ceux qui veulent faire progresser la ville se feront tuer...
Par ailleurs, on m’a affirmé: «De Lakota est née la Côte d’Ivoire, alors quoique que l’on veuille, la source ne peut devenir plus grosse que le fleuve.»
Ainsi Lakota est-elle vouée, condamnée à rester sous-développée. Quelle triste pensée.
J’ai l’espoir de pouvoir participer, à mon niveau, à quelque chose qui fasse avancer cette ville et le village de mon père. D’autant que celui-ci est maintenant devenu chef central du département entier de Lakota. Il est l’interlocuteur privilégié pour qui veut s’adresser à la population, pas à la cité ou au département en tant qu’organes de la république, non, à la population en tant que groupement rassemblé autour d’un chef traditionnel incontestable. Car il y a deux hiérarchies parallèles en Côte d’Ivoire, d’un côté celle de la république, du maire au président de la république et de l’autre, celle de la tradition avec ses notables, ses chefs et ses rois.
En somme, mon père est un pivot tout à fait stratégique pour mener des projets à terme.
Alors, oui, je vais sans doute écrire des idioties ou des énormités, elles seront principalement issues de ma culture, ou de ma vision étriquée ou ignorante, seulement, je suis toujours prête à apprendre et à échanger sur des points de vue éclairants. De plus, j’écris ce que mon cœur ou ma raison me dictent, de fait, je ne serais pas la personne la plus objective qui soit.
N’hésitez à communiquer avec moi, je vous répondrais volontiers.