Par quoi commencer


Par quoi commencer lorsqu’on veut raconter une découverte telle que celle de ses racines?  
Peut-être par le contexte psychologique dans lequel je vivais par rapport à mon père...

Ma mère ne l’a jamais dénigré, elle ne nous en a même pas parlé jusqu’à ce que nous lui posions des questions.
Mais nous reçûmes vers l’âge de 10-12 ans, un paquet en provenance de Côte d’Ivoire.
Quelle surprise ! Notre père pensait donc à nous ? Quel plaisir nous eûmes en déballant le carton: photos, vêtements, bijoux, cartes postales et articles de journaux nous émerveillèrent, nous firent rire ou nous firent taire.

Les photos nous montraient notre père, si noir que sur une d’elles,  nous ne voyions que ses dents et le blanc de ses yeux!



Toutes ses photos nous le présentaient sous son meilleur jour:

 

 

en costume cravate debout sous un porche, sérieux et solennel; en bras de chemise dans son bureau de la mairie de Lakota en plein travail; torse nu nous montrant ses muscles de jeune homme sportif...

D’autres photos nous montraient différents membres de la famille, une lettre récapitulait les noms, les âges, voire les classes de nos nombreux oncles et tantes. Certains étaient plus jeunes que nous ce qui nous surprit beaucoup!

Je ne me sentais pas liée à mon père mais j'étais intéressée par son existence si improbable, tant impalpable.

 

Aussitôt après la réception du paquet, ma sœur et moi lui écrivîmes des lettres. Le problème pour moi était ses réponses car elles ne me racontaient pas assez sa vie! En résumé, j’avais l’impression de lire sans arrêt: «Que Dieu te bénisse!»; «Merci, merci, merci.»
Bref, j’ai très vite cessé  d’écrire et lui aussi ensuite. Ma sœur en fit autant. Mais dès que je rencontrais quelqu’un ayant voyagé en Afrique, je lui demandais les raisons pour lesquelles mon père se livrait si peu dans ses courriers. On me répondait que ce n’était pas dans l’habitude des africains de trop parler d’eux-mêmes avec les enfants, ou encore qu’il serait bon que j’aille le voir au pays pour lui parler directement.

 

Alors vers 18 ans, j'ai commencé, périodiquement, à m'imaginer voyager pour aller le retrouver. Les circonstances et mes choix ont fait que je n'y suis pas allée avant  

 

mes 32 ans!

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