Avant l'arrivée des occidentaux et encore aujourd'hui, l'animisme était partout, depuis les grands monothéismes ont fait leur entrée, l'Islam étant présent sans doute depuis plus longtemps grâce aux contacts avec les peuples nomades du nord.
Mon grand-père était un être religieux puissant, qui effrayait beaucoup de gens autour de lui. Je n'ai hélas pas beaucoup de détails mais il paraît qu'il lui arrivait de dire à quelqu'un qui le contrariait qu'il allait mourir dans la nuit et la personne mourrait...! Je ne mêlerais pas de trouver le vrai du faux dans ce genre d'histoire mais voilà il faisait peur aux gens.
Les sorciers et leurs adeptes ont paraît-il une vision de la vie complètement éloignée du bien et du mal telle qu'on l'entend dans les régions submergées par la religion catholique. D'après ce que j'ai compris, est "mauvais" ce qui va à l'encontre des désirs du pratiquant... ce qui peut être vaste...
Ce qui est étonnant c'est que même les personnes qui ont voyagé de par le monde et qui ont donc été confrontés à la pensée rationnalisante, ou qui ont fait de hautes études, semblent persuadés de l'existence réelle du pouvoir des sorciers. Et de raconter des histoires fascinantes dans lesquelles des gens qui ont reçu un mauvais sort ont des hallucinations et meurent ou se perdent à jamais. Des histoires dans lesquelles les sorciers n'ont pas attendu l'occident pour se déplacer dans les airs, il leur arrive de se payer du bon temps à l'autre bout de la Terre en utilisant, grâce à la magie, les machines issues de la créativité européenne. Il arrive même que revenant éméchés, ils plantent leur "avion" au sommet d'un baobab! On retrouve l'arbre tout abîmé au matin sans explication plausible puisqu'on ne voit pas les débris "l'avion".
Vers la fin de sa vie, le grand-père, emplit de remords d'avoir mené une vie sans le dieu chrétien, décida de se convertir et entra dans le sein de l'église, ce qui donna lieu à de grandes et longues funérailles.
Une partie du jardin de l'église
Mon père , lui est devenu le chef de l'Eglise catholique de Lakota. Cette église d'architecture moderne a été construite par les Bonnes soeurs d'Evron qui sont présentes depuis 50 ans dans la ville. Elles ont construit une église donc, une école privée, un élevage intensif de poulets, un verger, une bibliothèque, bientôt une salle avec ordinateurs et internet et peut-être d'autres choses. Quand je suis arrivée, mon père m'a conduite auprès d'elles car elles ont beaucoup prié pour ma venue et l'ont beaucoup soutenu les jours de désespoir. Alors, je suis allée serrer des mains, j'ai rencontré la plus haute représentante du lieu et ses adjointes. Diverses dames plus ou moins âgées, très gentilles, accueillantes.C'est dans l'enceinte de l'école privée que je les ai rencontrées. Ce lieu public est le lieu de plus propre que j'ai pu voir à Lakota, les bonnes soeurs veillent à ce que les enfants apprennent à respecter le lieu de leur études. Le dessin des jardins, les arbres les fleurs, tout est bien entretenu. Nous avons discuté un peu de leur implantation, de la difficulté du lieu, du climat humide, de la maladie. Un peu de tout en somme en survolant beaucoup les choses.
Une autre partie du même jardin
Quelques temps plus tard, il m'a fallut aller à l'église pour être présentée à toute la communauté qui avait aussi beaucoup prié pour ma venue. Assis au premier rang, mon père, fatigué, ne cessait de se lever, de s'assoir, de se relever. Quand je le taquine sur le sujet, je lui dit qu'il n'a pas choisit la bonne religion pour son âge, une religion qui lui demanderait de seulement rester assis serait plus appropriée!
Moi je ne faisait rien de tout cela, non seulement parce que je ne suis pas croyante mais aussi parce que j'avais un mal de dos intense qui me commandait de rester sans bouger le plus longtemps possible.
Puis vint le moment de monter sur la "scène" de l'église afin de montrer à tous la réalité de mon existence et remercier chacun de la foi qu'il avait mis à soutenir mon père. Ma tante Tina pleurait comme une madeleine et je dois dire que je n'était pas sans larmes moi-même car l'émotion était palpable. Mon père racontait notre rencontre à l'aéroport, tremblant encore d'émotion, la voix pleine de larmes, comment résister? Quand je pense à l'infamie où notre refus d'envoyer des photos l'a conduit, j'ai encore honte de notre ignorance. J'ai remercié également et nous sommes retournés à nos places. Ensuite, il fallut verser de le denier au culte, alors je continue de taquiner Papa en lui disant que non, ce n'est pas une religion pour lui car chaque dimanche: il faut donner de l'argent même si on en a guère. Qu'elle drôle de religion!!!
En tous cas, là se trouve l'occasion de voir un défilé de mode renouvelé chaque dimanche!
Chic n'est-ce pas?
A gauche: une inconnue
A droite: Ma petite soeur Tina
J'ai été très agréablement surprise par une partie du déroulement de la messe car le choeur ne se contente pas de chanter, il danse sur des rythmes de percussions, des joueurs de tambours et un batteur sont présents et un animateur exécute des pas de danse devant les autres. Voilà qui change des églises françaises où les chants sont si beaux et si dématérialisés. Le prêtre parle en plusieurs langues et dialectes afin d'être compris de tous, par contre le ton est exactement le même qu'en France.